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Flûtes
de Pan d'Amérique du sud : siku (ou sicu), zampoña,
antara, rondador...
Le
terme"flûte de Pan"
étant connu de tous, c'est par commodité que nous
l'employons dans cette page tout en signalant que c'est de façon
impropre qu'il est utilisé pour désigner certains
aérophones (instruments sur lesquels l'air est
l'élément qui crée le son) d'Amérique
du sud.
En effet, il n'existe à l'origine aucun lien entre ces
instruments de musique sud-américains et le dieu Pan,
inconnu des Amérindiens comme des nombreux autres peuples
d'Asie, d'Afrique et d'Océanie qui utilisent cette syrinx
polycalame (flûte constituée de
plusieurs tuyaux) depuis les temps les plus reculés.
Les
"flutes de Pan" amérindiennes : une
famille d'instruments de musique aux formes multiples
Principe
de fonctionnement de la flûte de Pan
Les syrinx d'Amérique du sud communément
appelés flutes de Pan ont pour caractéristique
commune d'être des instruments à vent conçus
par assemblage de tuyaux - souvent en roseau - de différentes
longueurs et bouchés à leur extrémité
basse.
En soufflant de façon quasi perpendiculaire à
l'embouchure d'un tuyau, on émet un son constitué
d'une note paraissant unique mais généralement
riche en harmoniques, dont la hauteur est en relation
directe avec la longueur du tuyau entre son entrée
et l'endroit où il est bouché. Pour obtenir
différentes notes, il faut donc souffler dans
différents tuyaux.
L e principe de fonctionnement de la flute de Pan est
par conséquent différent de celui d'une
syrinx monocalame (flûte ne comportant qu'un seul
tuyau) comme la quena,
instrument percé de différents trous permettant
de restituer une gamme sur plusieurs octaves.
Il convient également de noter que l'air soufflé
dans tout tuyau d'une flûte de Pan ressort par
l'embouchure de ce tuyau après avoir parcouru
deux fois la distance entre ses deux extrêmités.
C'est la raison pour laquelle, sur une flûte de
Pan, la longueur d'un tuyau permettant d'obtenir une
certaine note sera plus courte que sur une flûte
droite percée à son extrêmité
basse.
Il fait peu de doute que c'est en raison de sa conception
simple que la flûte de Pan fait partie des instruments
les plus anciens répertoriés en Amérique
du sud, comme ailleurs dans le monde.
Diversité des flûtes
de Pan d'Amérique du sud
Il existe une incroyable diversité de
flûtes de Pan en Amérique du sud.
Elles se différencient par :
- leur longueur (les plus grandes pouvant atteindre
1,40 m de haut)
- le nombre de rangées de tuyaux qui les constituent
(en principe de 1 à 3)
- le nombre de tuyaux par rangée
- le type d'échelle sonore restituée par
l'instrument
- l'aspect global de l'instrument
- le matériau utilisé pour leur fabrication
Dans les défilés commémoratifs
de la ville de Potosi (Bolivie), on peut voir des flûtes
de Pan composées d'une seule rangée de
trois ou quatre tuyaux seulement, qui s'utilisent à
plusieurs instrumentistes. Ainsi, les musiciens disposent
de flûtes aux notes complémentaires qu'ils
jouent alternativement pour l'exécution d'une
mélodie.
Le rondador, flûte de Pan de l'Equateur,
est constitué d'une seule rangée de tuyaux
restituant (si on souffle dans tous les tuyaux de gauche
à droite ou de droite à gauche) une échelle
sonore dans laquelle les notes ne se suivent pas. Ceci
explique l'aspect quelque peu "en dent de scie"
de l'instrument.
Dans certaines régions, les flûtes de Pan
sont d'aspect rectangulaire, avec des tuyaux de la même
longueur.
En fait, si les tuyaux sont visuellement de même
dimension, chacun d'eux permet d'obtenir une note différente
dans la mesure où le noeud naturel du roseau
(la partie bouchée qui détermine la hauteur
du son) est bel et bien présent quelque part
entre les deux extrémités de chaque tuyau,
à un endroit différent pour chaque note.
On trouve également en Amérique du sud
des flûtes de Pan dont la conception se rapproche
de celle des flûtes de Pan d'Europe centrale,
cest-à-dire avec des tuyaux alignés sur
une seule rangée et produisant des notes qui
se suivent.
Le Museum Fur Volkerkunde de Berlin possède
dans ses collections une flûte de Pan de petite
taille taillée dans la pierre.
Il existe également des exemplaires en or et
en argent (Musée de l'or de Bogota et Musée
de l'or de Lima), en terre cuite et en céramique.
Rien qu'au Pérou, et en ce qui concerne l'époque
contemporaine, on a répertorié environ
70 variétés de flûtes de Pan.
La multitude de formes que peut prendre l'instrument
dans les pays sud-américains où il est
présent, et l'étendue du vocabulaire -
pouvant varier d'un village à l'autre - utilisé
pour qualifier ce qui est en rapport avec lui rend vaine
toute tentative d'en faire une présentation exhaustive.
Exemple de flûte de Pan d'Amérique du sud
: le siku (également
dénommé zampoña ou antara)
Largement répandu en Amérique du sud,
le siku (ou sicu) est la plus connue
des flûtes de Pan d'Amérique du sud. Présent
dans les régions qui constituaient jadis l'empire
inca, on le trouve essentiellement au Pérou,
en Bolivie, et dans le nord de l'Argentine, notamment
au sein des communautés quechua, aymara et colla.
Ceux qui jouent le siku sont appelés
sikuris.
Lors des fêtes ou manifestations communautaires,
les sikus sont souvent utilisés par
des groupes pouvant être constitués de
plusieurs dizaines de musiciens appelés tropas
de sikuris, ou bandas de sikuris.
Ces ensembles utilisent habituellement des sikus
de différentes tailles constitués d'une
seule rangée de 6 ou 7 tuyaux. Ces instruments
vont par paires de taille homogène produisant
des notes complémentaires. En soufflant chacun
à leur tour selon les notes à jouer, les
musiciens sont interdépendants pour produire
une mélodie.
L'exécution de thèmes musicaux par les
sikuris est appelée sikuriada.
Dans les tropas de sikuris, les musiciens s'accompagnent
souvent du tambour (bombo ou wankara)
d'une main, tandis qu'ils tiennent leur flûte
de l'autre main.
En dehors des festivités et manifestations commémoratives
ou communautaires, le siku est souvent utilisé
sous la forme d'un instrument complet permettant à
un seul musicien de produire une mélodie. Il
se présente alors généralement
tel que sur la photo agrandie de la colonne de gauche
(parfois avec une rangée supplémentaire
destinée à créer une résonance).
Avec ce type de flûte de Pan, l'instrumentiste
passe d'une rangée à l'autre pour interpréter
un thème musical.
Ci-dessus
: issus d'une même famille, trois des sikus
comptant parmi les modèles les plus courants
utilisés en Amérique du sud.
De gauche à droite :
malta,
sanka et chuli.
Le modèle le plus grand - appelé
toyo - ne figure pas sur la photo.
Instruments appartenant au groupe LOS KOYAS.
Photo : © Domingo FONTANA |
Les flutes de Pan des Andes comptent
aujourd'hui parmi les instruments les plus populaires
des musiques du monde.
Dans
son spectacle, le groupe
LOS KOYAS fait une large part
aux mélodies interprétées à
la flûte de Pan d'Amérique du sud.
Voir aussi :
Musique
des Andes
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Deux
mélodies interprétées
par LOS KOYAS avec la flûte de pan d'Amérique
du sud |
Castillito
de arena (Bolivie) solo de siku - extrait
de l'album "Voyage
au coeur de l'Amérique latine" de LOS KOYAS
N.B. Dans cet extrait sonore, le siku intervient après
une introduction à la quena, ce qui permet de noter
la différence de sonorité entre ces deux types
d'instruments à vent d'Amérique du sud. |
Quiaquenita
(Argentine) solo de siku - extrait de l'album "Flûtes
des Andes - les plus grands thèmes" de LOS
KOYAS |
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listés ci-dessus, vous devez disposer d'une connexion
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