Avant la découverte du continent américain
(période précolombienne)
L'étude des nombreuses cultures qui ont laissé
leur empreinte, avant la conquête espagnole, dans
ce qui constitue l'actuelle Amérique latine permet
de constater que la musique était alors souvent
associée à des rituels, comme par exemple
ceux qui avaient lieu à l'occasion des semailles
et des moissons. Ces rituels étaient généralement
accompagnés de danses, d'offrandes et de sacrifices.
On trouve également le témoignage, dans
certains écrits des conquérants ou des
missionnaires, de chants liturgiques, de chants et danses
célébrant l'amour, et d'autres en rapport
avec les exploits guerriers.
Chez les Incas, les Mayas et les Aztèques, la
musique avait pris une forme relativement évoluée.
La gamme utilisée était une gamme à
cinq tons - dite pentatonique - mais on ne trouve aucune
preuve de l'existence d'une forme de polyphonie telle
que celle qui s'était développée
en Europe à partir de l'organum.
Le point commun aux musiques précolombiennes
est l'absence d'instruments à cordes. On utilisait
différents types d'instruments à vent
(flûtes, syrinx, ocarinas, conques, sifflets ...)
et d'instruments rythmiques - notamment tambours - de
formes et de matériaux très divers.
Durant la période coloniale
Les Espagnols et les Portugais importèrent leur
culture dans les pays conquis et s'attachèrent
également à y diffuser leur religion.
Dans les villes coloniales et les régions les
plus développées, des ecclésiastiques
tout comme certains propriétaires de plantations
ou de mines permirent la création d'ensembles
voués à l'interprétation de différentes
formes de musique occidentale, religieuse ou non.
D'autres encouragèrent la musique indigène
et offrirent aux autochtones une éducation musicale.
Ainsi, peu à peu, les populations locales ouvrirent
le champ de leurs connaissances en la matière,
se familiarisèrent avec des instruments venus
de l'extérieur et en créèrent de
nouveaux dérivés de ceux-ci.
Tous les instruments à cordes joués dès
cette époque en Amérique latine sont issus
d'instruments importés par les conquérants.
Bien qu'il en existe un grand nombre, les plus connus
aujourd'hui sont sans aucun doute le charango
- emblématique de la Musique des Andes et inspiré
par la vihuela espagnole - et la harpe indienne,
très présente au Paraguay, au Mexique,
au Venezuela et en Colombie, mais dont la forme la plus
proche de la harpe existant en Espagne à la Renaissance
se trouve encore au Pérou.
Un certain déclin de la puissance de l'Espagne
et du Portugal durant les XVIIème et XVIIIème
siècles eut pour conséquence une baisse
de l'influence culturelle
de ces pays en Amérique latine.
Les musiques et les danses traditionnelles chargées
de leur signification rituelle connurent alors un regain
indéniable. De même, certaines formes d'expression
satirique présentant les conquérants ainsi
que leurs coutumes de façon caricaturale virent
le jour, alliant généralement chants,
danses, masques et pantomimes.
Un des points marquants de l'influence extérieure
sur la musique de l'Amérique latine fut l'introduction
d'esclaves africains dans les territoires colonisés.
En effet, si l'esclavage fut pratiqué par les
Incas, les Mayas et les Aztèques, ses conséquences
n'eurent pas le caractère aussi spectaculaire
que celui d'un apport venu d'un nouveau continent.
A l'époque de la découverte de Christophe
Colomb (1492), les Portugais pratiquaient depuis une
cinquantaine d'années l'importation d'esclaves
africains dans leur pays. Au XVIème siècle,
les populations indigènes d'Amérique latine
ayant subi de lourdes pertes dues aux maladies et aux
conditions d'esclavage imposées par les colons,
ces derniers firent venir dans leurs territoires des
Caraïbes et du continent une nouvelle main-d'oeuvre
asservie en provenance d'Afrique.
Ces esclaves amenèrent avec eux une grande partie
de ce qui faisait leur identité, et notamment
leur culture dans laquelle s'inscrivaient des formes
d'expression spécifiques en termes de danses,
de chants, de musiques, de rythmes et d'instruments.
Il en est ainsi, par exemple, pour :
-
Certains
rythmes complexes des Caraïbes.
-
Des danses et musiques comme celles de la côte
nord du Pérou - ou d'autres régions
d'Amérique latine - où vit une forte
communauté noire.
-
Certains
chants dont la structure est basée sur les
"appels" et les "réponses"
(Nordeste brésilien, côte
atlantique colombienne, etc.)
-
La
marimba, sorte de xylophone que l'on peut
entendre essentiellement en Amérique centrale,
et de nombreux instruments rythmiques.
Après l'indépendance
Dès le début du XIXème siècle,
après un peu plus de trois siècles de
colonisation, les pays latino-américains cherchèrent
à acquérir leur indépendance. Si
cette séparation devint effective pour l'essentiel
dès 1826, c'est le traité de Paris de
1898 qui fixa les contours de l'Amérique latine
moderne.
Parallèlement à la permanence des musiques
traditionnelles propres aux groupes ethniques qui existaient
encore - souvent indépendamment des frontières
- à la fin de l'époque coloniale, la période
qui suivit l'indépendance vit le développement
d'écoles nationales et de conservatoires tournés
vers l'opéra ou la musique symphonique.
Les premiers compositeurs de cette période s'inspirèrent
en grande partie d'oeuvres du répertoire européen
classique avant que ne se dessinent des tendances plus
nationalistes.
Le compositeur brésilien Villa-Lobos, mondialement
connu, illustre parfaitement cette musique élaborée
portant en elle un cachet national certain, comme cela
est également le cas pour une partie de l'oeuvre
des compositeurs espagnols Manuel de Falla et Isaac
Albéniz.
La période qui suivit l'indépendance vit
également la naissance de musiques qui connurent
un grand rayonnement, tels le tango (apparu
à la fin du XIXème siècle), la
rumba (danse afro-cubaine popularisée dans
les années 30), le cha cha cha et bien
d'autres.
On assista aussi à la formalisation de certaines
musiques folkloriques latino-américaines dont
l'expression était jusqu'alors non écrite.
De même, de nombreux compositeurs créèrent
des pièces à partir des formes folkloriques
anciennes datant principalement de l'époque coloniale,
contribuant ainsi à enrichir un répertoire
déjà bien fourni. Cette création
perdure aujourd'hui aux quatre coins de l'Amérique
latine, comme dans les pays ayant accueilli des musiciens
latino-américains émigrés.
La période moderne
Dès le milieu du XXème siècle,
l'intensification des moyens de communication et de
diffusion de la musique aidant, on assista à
l'adoption et à l'adaptation, par de nombreux
compositeurs latino-américains, de styles musicaux
en provenance du monde entier.
La musique électro-acoustique, la musique dodécaphonique,
certaines formes musicales apparentées au jazz,
la bossa-nova, la salsa, la musique pop latino-américaine,
le néo-folklore, la "fusion" et la
musique "latino" constituent quelques-uns
des principaux repères de la période moderne.
Si la révolution cubaine de 1959 occasionne le
développement d'une musique sociale, une musique
contestataire liée à la situation politique
de Pays comme la Bolivie, le Chili et l'Argentine, puis
de certains états de l'Amérique centrale
voit le jour et perdra progessivement de sa force.
Mais le phénomène le plus remarquable
et le plus constant que l'on ait pu observer à
propos de la musique latino-américaine durant
la période moderne est l'apparition, tant à
l'intérieur qu'à l'extérieur des
états de l'Amérique latine, d'artistes
solistes ou de groupes ayant vocation à faire
connaître - hors de l'influence des courants musicaux
et autres modes souvent de courte durée importés
d'Europe ou des Etats-Unis - les musiques de leur région
ou de leur pays, qu'elles aient une portée politique
ou non.
Par une sorte de revirement de l'histoire, ce phénomène
a permis aux musiques de l'Amérique latine qui
avaient gardé leur ancrage culturel propre de
conquérir à leur tour le monde et de devenir
extrêmement populaires sous les appellations diverses
de "musiques folkloriques", "musiques
traditionnelles", "musiques du monde"
ou "world music", donnant lieu dans de nombreux
cas à des adaptations par des artistes internationaux.
Parallèlement, on a pu constater la réapparition
au premier plan de certains rythmes et courants musicaux,
tels que le tango, le son cubain ou
le boléro.
Artistes avant tout attachés
aux valeurs universelles véhiculées par
l'expression musicale en général, les
musiciens du groupe LOS KOYAS ont choisi de présenter
un panorama représentatif de la musique latino-américaine
à travers ses multiples styles et les différentes
périodes de son histoire.
Tantôt purement folkoriques, tantôt inventives,
souvent festives, parfois contestataires, riches de
sonorités étranges et de rythmes entraînants,
incroyablement variées, accessibles à
tous mais toujours prenantes, telles sont les spécificités
des musiques de l'Amérique latine qu'ils nous
proposent de découvrir en leur compagnie.
Voir également :
Musiques du monde
/ world music et musiques de l'Amérique latine